Il y'a ce que l'on pense, il y'a ce que l'on dit, et enfin ce que l'on fait.
C'est drôle de voir comme rien n'est évident, que rien ne se passe comme on l'avait prévu. Ce n'est pas comme ces leçons que l'on apprenait par coeur, et que l'on récitait mécaniquement. Si tout était aussi simple, franchement on s'emmerderait, clairement.
On passe son temps à essayer de se conformer à l'image que les autres ont de nous-même, de coller au moule. Mais chassez le naturel, il revient au galop comme dirait l'autre. Malgré tout il y'a cette foutue molécule, j'ai nommé l'Adrénaline, qui déferle juste au moment où on le voudrait le moins. Bien sur elle n'est pas entièrement responsable, la peur de mal faire, la politesse ou la pudeur viennent se greffer à tout ça et vous vous retrouvez tout nu, rouge comme une pivoine, la petite goutte de sueur froide qui vous coule le long du dos. Instinctivement, on croise les bras et on se redresse sur sa chaise. Dans la plupart des cas, personne ne s'en rend compte. Personne sauf soi-même.
Ça nous est tous arrivé à un moment ou à un autre. On peut penser qu'avec l'habitude on arrive à gérer ce genre de situations facilement. Pas du tout Messieurs-Dames.
M'voyez, c'est pas comme s'être brûlé une fois avec un plat sorti du four, on fait attention les fois suivantes. C'est l'expérience, et il faut se la faire tout seul, comme un grand.
Ici c'est différent, honnêtement, on se sent bête. On se dit sur le trajet :
"Vraiment, cette fois il faut que tu lui dises, il faut qu'elle le sache !"
Mais à nouveau, l'appréhension revient à grand coups de
"Et si jamais [...]?"
Le manque de confiance en soi dans ces moments là vous amène à vous imaginer toute sortes de scénarios invraisemblables, de trouver des circonstances incroyables et un tas de bonne raisons de ne pas franchir le pas. De toutes les manières, une fois devant la porte, on se refait le film de ce que l'on a prévu de dire, de faire et là, à cet instant précis, juste lorsque le cerveau envoie l'ordre à la main de se lever en direction de la sonnette, le bras devient subitement lourd, très lourd.
"Et si jamais [...]?"
Le coeur palpite à vous déchirer la poitrine et il fait chaud, très chaud. Une ombre derrière la vitre dépolie, vite, ayons l'air naturel. On avale sa salive dans un effort surhumain on se redresse et fatalement on enfile ce masque invisible.
"Moi changé? Mais non tu te fais des idées voyons tout va bien !"
L'hypocrisie Messieurs-Dames, ce n'est pas très joli-joli, mais c'est bien pire quand c'est vis-à-vis de soi-même. La franchise c'est de la poudre aux yeux, pour faire joli sur le CV. C'est comme l'objectivité, comment un mot peut avoir sa définition dans le dictionnaire alors qu'il est impossible à appliquer? Personne n'est tout à fait objectif ni avec lui-même et encore moins avec les autres !
Pour autant, on arrive en se forçant un peu à faire comprendre aux autres ce que l'on veut leur transmettre, avec je l'avoue souvent hésitation et de façon plutôt maladroite. Et aussi proche que l'on puisse être de l'essence du message que l'on veuille faire passer, il faut ensuite se confronter à la réaction de l'autre. Et là Messieurs-Dames, c'est souvent le drame.
"Et si jamais [...]?"
Alors oui, tu m'diras, rien n'est jamais figé, les choses peuvent changer. Mais pendant ce temps, le temps passe inexorablement, emportant avec lui des espoirs inutiles, et changeant des éléments indépendants de votre volonté. On dit toujours "Si cela ne dépendait que de moi[...]" mais rien ne dépend uniquement que de soi ! Il faut donc composer avec tout ça, dans des histoires imparfaites mais qui ont au moins le mérite d'exister.
Tu sais, un jour, il faudra que je te le dise (l'avoue).
Avouer, comme si c'était un crime, que c'était mal... C'est amusant de voir quels mots l'on décide de mettre sur les choses. Mais c'est très révélateur finalement. Si seulement il était possible de savoir, même vaguement, ce que l'autre pense, tout serait plus simple. Disons plutôt que l'on perdrait moins de temps à se poser toutes les questions possibles, même les moins pertinentes. Car c'est là que le bât blesse, tout est encore une fois question de temps.
Comme pour toute chose, il faut réussir à avoir, et ce en même temps, une cohérence entre les faits, les personnes et leurs humeurs respectives sur le moment et que chacun soit disposé à l'exprimer.
Mettez un seul grain de sable (le moindre doute en somme) dans cet engrenage et la machine reste bloquée. Le temps passe et le temps se perd.
Laisser les choses en suspend comme cela, c'est comme entreprendre une campagne de fouille en terrain propice, chercher pendant des semaines sans relâche, et une fois que l'on a trouvé quelque chose, s'arrêter soudainement, tout remballer et se dire :
"C'est bon les gars, on a trouvé, on sait que c'est là, j'ai marqué l'endroit on peut rentrer"
Je déteste ces actes inachevés que l'on sème derrière soi, pourquoi ne va t-on jamais au bout des choses? Pour moi ce n'est pas du temps perdu, c'est du temps gâché ! Il faut parfois se bouger le popotin et prendre les devants. Personne ne devrait oser se moquer si l'on se plante.
L'erreur est humaine non? Oses nom de Dieu ! Oses ou arrête de te plaindre. C'est ce que me dit ma conscience constamment et pourtant je refuse de l'entendre. Pourquoi? Excellente question docteur.
Personne n'a dit que c'était facile, juste que ça en valait la peine.
Un jour, vraiment, je te le dirais...